Toutes ces infos sont tirées du web, en particulier l'excellent article de wikipedia sur le sujet.
Au sens strict du terme, l'homéopathie n'est pas le fourre-tout dans lequel on met de nombreuses thérapies dites "alternatives". Le concept est assez restreint, et a été réinventé au vers 1810 par Samuel Hahnemann. Selon sa théorie, elle repose sur trois principes :
- le principe de similitude
- l'individualisation du soin au patient
- la dilution successive et la dynamisation
Le principe de similitude
Il est basé sur une simple observation qu'avait faite Hahnemann à l'époque de sa découverte : l'écorce de quinquina, à très forte dose, peut provoquer une intoxication accompagnée de fièvre ressemblant aux symptômes du paludisme. Or cette même substance à faible dose peut soigner le paludisme. Hahnemann en a donc conclu qu'une même substance, selon la dose, pouvait soigner ou provoquer des pathologies.
L'adaptation des soins aux patients
Ce principe considère qu'il n'y a pas de soin universel pour un même mal, et conduit à un interrogatoire du patient pour déterminer l'ensemble de ces symptômes, et pas seulement ceux liés à la pathologie qu'on veut traiter. Par conséquent, certains médicaments dits homéopathiques bien connus (Oscillococcinum, par exemple), ne peuvent pas se réclamer de la pratique homéopathique au sens strict du terme, puisqu'ils ne respectent pas ce principe d'individualisation.
La dilution et la dynamisation
Ce principe impose une grande dilution dessubstances utilisées dans la préparation, ainsi qu'une dynamisation, qui consiste à secouer fortement le récipient contenant le liquide, à chaque diultion. Les dilutions pratiquées sont données par un chiffre indiqué sur le médicament, par exemple "15 CH". Ceci représente une dilution au centième (le C de CH) effectuée 15 fois, selon la méthode Hahnemann (H).
Pour être plus clair, vous prenez un volume du produit original, et vous le diluez dans 99 volumes d'eau (ou d'alcool, selon). Sa concentration est donc 100 fois inférieure. Cela correspond à une dilution de 1 CH. Ensuite, vous prenez un volume de cette solution diluée, et vous la rediluez dans 99 volumes d'eau. On arrive à 2CH, et la concentration est 100x100 = 10000 fois plus faible. A 15 CH, la concentration de la solution est 1000000000000000000000000000000 fois plus faible.
Voilà pour les bases objectives de l'homéopathie. Cela exclut donc la naturopathie ou la phytothérapie, qui sont des pratiques différentes.
Après avoir donné ces bases théoriques, je vais rentrer un peu plus dans la controverse, et vous donner un point de vue personnel, qui n'engage donc que moi.
Le point sur lequel je voudrais revenir est la dilution. prenons par exemple une dilution de 10 CH, comme c'est assez courant en France (certains pays vont jusqu'à 200 CH, je vous laisse imaginer le nombre de zéros...). Pour fare une analogie plus parlante qu'un nombre de zéros, une dilution de 10 CH correspond à peu près à un comprimé de doliprane qu'on ferait fondre dans toute l'eau lac Léman. (!). On prend ensuite un millilitre d'eau du lac Léman, on le met dans un comprimé, et vous avez votre doliprane homéopathique. avouez que ça ne fait pas grand chose. Et on n'est qu'à 10 CH. Une dilution de 30 CH correspond à un millilitre de substance qu'on aurait dilué dans un volume d'eau équivalent à un cube dont le côté serait égal à deux millions de fois la distance Terre-Soleil !
La question qui me préoccupe le plus dans l'homéopathie est donc de savoir s'il reste quelque chose à part de l'eau dans la solution finale qui sera mise sous forme de comprimé. Essayons de parler en terme de nombre de molécules, et gardons le doliprane comme exemple. dans un comprimé, vous avez 1g de doliprane. Ca correspond (petit calcul chimique) environ à 400 10 puissance 18 molécules de paracétamol, qui est la substance active du doliprane. (400 suivi de 18 zéros : 400 milliards de milliards). Ca fait beaucoup de molécules, mais c'est normal, c'est petit, une molécule de paracétamol. Vous commencez par le diluer dans un litre d'eau, pour simplifier. Vos 400 milliards de milliards de molécules se promènent donc librement un peu partout dans l'eau. Ensuite, vous prenez 1 centilitre (1 centième de votre liquide), et vous le diluez dans un autre litre d'eau. En prenant votre centième de substance originale, vous avec embarquez un centième de toutes les molécules de départ, soit environ 4 milliards de milliards de molécules. Ces molécules se retrouvent dans la solution diluée, et sont donc 100 fois moins nombreuses qu'à l'étape précédente. On est arrivé à 2CH. Quand vous rediluez, vous avez encore 100 fois moins de molécules, et ainsi de suite jusqu'à arriver à 9 CH, par exemple. A 9 CH, vous avez 100x100x100x100x100x100x100x100x100 moins de molécules. Il vous reste donc 4 molécules de doliprane dans votre litre d'eau. Ca fait vraiment pas beaucoup, vous me l'accorderez. A côté de ça, les impuretés présentes dans l'eau (comme des microscopiques bouts du récipient, des poussières, ou tout simplement les minéraux contenus dans l'eau) sont des milliards de fois plus nombreux. Et quand on passe à 10 CH, on devrait diviser par 100 le nombre de molécules. Or comme on l'a vu, on n'en a plus que 4 ! Il reste donc moins d'un molécule dans la solution à 10 CH. Physiquement, ça n'a aucun sens puisqu'on ne peut pas casser les molécules comme ça. On a en gros 4 chances sur 100 de conserver au moins une molécule dans cette dilution de 9 à 10 CH. Ensuite, on a environ 4 chances sur 10000. A 15 CH, il reste moins d'un chance sur un milliard qu'il y ait une seule petite molécule dans la substance qui sera utilisée dans le comprimé !
C'est donc sur cette observation assez simple que se fondent la plupart de mes doutes quant à l'efficacité de l'homéopathie. Les analyses chimiques ont confirmé ce petit raisonnement, et montré qu'à 15 CH, aucune molécule originale ne subsistait.
Certains chercheurs, comme Jacques Benveniste, ont essayé de mettre en évidence un mécanisme permettant à l'eau de garder "l'empreinte" de la molécule qu'elle contenait, même après le départ de celle-ci. Il avait appelé sa théorie "la mémoire de l'eau", et essayait de la mettre en avant pour justifier l'efficacité de l'homéopathie. Ses résultats n'ont jamais pu être obtenus par d'autres chercheurs que lui, et on a fini par montrer que cette prétendue mémoire de l'eau n'existait pas. M. Benveniste, pour ses travaux, a reçu deux prix Ig-Nobel, l'équivalent des prix Nobel pour les pires travaux scientifiques de l'histoire.
Vous pourrez me dire : tout ça, c'est théorique, mais si ça se trouve, il y a un phénomène qu'on a pas encore découvert. C'est possible. mais pour trancher, il existe un test imparable, l'épreuve du feu, en quelque sorte, c'est l'étude clinique. On prend 10000 personnes qui ont de la fièvre, on donne le comprimé homéopathique à 5000 d'entre elles, et un comprimé sans rien dedans à 5000 autres (un placebo). Pour ne pas qu'elles soient influencées, on ne leur dit pas ce qu'on leur donne (médicament ou placebo). On ne dit pas non plus aux médecins ce qu'ils administrent, comme ça, seuls les responsables de l'étude sont au courant, et les observations du médecin ne sont pas faussées. Ensuite, on regarde la température des personnes qui ont reçu de l'homéopathie, et on la compare à celle des personnes ayant reçu une boule de sucre. Si il y a une différence, c'est que le médicament a de fortes chance d'être efficace et de n'être pas efficace que grâce à l'effet placebo. Je dis "fortes chances", parce que plus on a de personnes dans l'étude, plus on en est sûr. Vous noterez que tous les médicaments, et pas seulement l'homéopathie, sont testés de cette manière.
L'homéopathie a été testée selon cette méthode, mais souvent imparfaitement, et sur de trop petits échantillons. Les résultats sont controversés, dans un sens comme dans l'autre. En aprtie par le fait que le principe d'individualisation rend difficile la mise en place rigoureuse d'un procédé de soin identique ou en tous cas suffisamment similaire pour tous les sujets testés : il faudrait prendre des personnes avec exactement la même histoire pathologique pour pouvoir leur administrer un traitement rigoureusement identique. néanmoins, les quelques résultats obtenus mettent en évidence une efficacité comparable à celle du placebo, comme l'affirme la revue "Prescrire", seule revue médicale à refuser la publicité des laboratoires pour rester indépendante :
"Rien ne permet d’affirmer que les médicaments homéopathiques ont une action thérapeutique spécifique. Ils peuvent, au mieux, avoir un intérêt, comme d’autres placebos, chez certains patients et pour certaines affections placebosensibles... "
De plus, une autre étude (« Homéopathie, actualisation 1995 du dossier d’évaluation », J.-J.Aulas, Prescrire, 1995 ; 15(155) : 674-684.) montre que dans toutes les études effectuées sur l'homéopathie, plus le protocole se rapproche le plus de la rigueur parfaite, moins l'efficacité de l'homéopathie est grande. (para rapport au placebo)
Il reste évidemment des questions : si l'homéopathie ne marche qu'avec l'effet placebo, pourquoi l'effet placebo fonctionnerait-il sur les bébés, qui ne comprennent pas encore le fonctionnement d'un médicament, et qui ne devraient pas être sensibles à l'effet placebo ? Ou sur les animaux ? Une des hypothèses les plus probables est que le simple fait de donner quelque chose au bébé ou à l'animal, de lui faire une piqûre, de lui administrer un comprimé ou tout simplement de s'occuper de lui d'une manière différente que quand il n'est pas malade peut déclencher un effet placebo.
Voilà donc mon opinion sur l'homéopathie. Je ne juge pas les personnes qui en prennet, bien que n'y croyany pas moi-même, (chacun est libre de ses décisions), et mon point de vue là-dessus est que ça ne peut pas faire de mal, même si ça ne fait du bien qu'à hauteur de l'effet placebo. Si on y croît, l'effet peut même être plus fort. Ces préparations ne contenant aucun substance active, il n'y a à mon avis aucun danger à les prendre en complément d'une thérapie médicamenteuse conventionnelle. mais le plus important, à mon sens, est que l'homéopathie reste une médecine complémentaire et ne se substitue pas à un traitement classique, surtout pour des pathologies lourdes. (j'ai beaucoup de regrettables exemples de ce genre dans mon entourage)
Mes propos n'étant que le reflet de mon opinion, si argumentée soit-elle, n'hésitez pas à réagir.
