Salut tendre,
Tout cela est fort compliqué

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Pouvoir guérir de la sep grâce à un ARNm, moui pourquoi pas, mais il y a un paquet d'obstacles sur le chemin...
D'abord, une bonne cascade de glace pour commencer : nul ne connaît la cause (étiologie) de la sep. Faire un vaccin c'est bien, mais à ce moment il convient de le faire contre ce qui cause la maladie. Ne sachant pas ce qui cause la sep, ma foi... Bon, cela pourra tout de même permettre de défricher le terrain : quelques candidats potentiels à la cause sont déjà pressentis, au premier rang desquels le virus Epstein-Barr (EBV). Or, à ce que j'ai compris, l'EBV est un virus qui rendait jusqu'ici particulièrement illusoire le développement d'un vaccin (je ne sais plus très bien pourquoi, genre parce qu'il mute tout le temps ou quelque chose comme ça) ; avec la technologie ARNm on peut espérer surmonter un tel obstacle, en faisant comme avec le coronavirus, par le ciblage spécifique d'un élément qu'on retrouverait d'une mutation à l'autre. Il reste que l'EBV n'a peut-être rien à voir avec la sep, mais au moins comme ça on aura des éléments tangibles pour en être sûr.
Ensuite, si je pense qu'on pourra probablement "guérir" de la composante inflammatoire, la composante neurodégénérative sera peut-être une histoire un peu plus compliquée (connaît-on seulement ses mécanismes ? Hmmm...). Si j'ai bon espoir qu'on pourra tout de même finir par arriver à proposer un traitement préventif à base d'ARNm, je ne pense pas qu'un tel traitement permettra de réparer, chez ceux qui avaient déjà la sep avant l'invention de l'éventuel vaccin, les dégâts déjà existants avant l'injection. Bref, ça ne sera sans doute pas pour nous, alors montrons-nous altruistes

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Pour les considérations économiques maintenant, la chose à ne jamais oublier quand on en arrive à ces questions est qu'il n'est plus question de "bigpharma" en tant que grosse entité protéiforme : au contraire, c'est du chacun pour soi. Ensuite, il faut changer de paradigme, enfiler les lunettes du cynique : un client qui achète une fois chez toi, et après il est guéri (
donc tu ne le revois plus, et son pognon non plus), c'est une chose ; un client captif à qui tu fourgues tous les jours, ou toutes les semaines, ou une fois par mois etc., une came facturée plus cher que son poids en or alors qu'elle ne le guérira de toute façon jamais (
donc le gars restera client), c'en est une autre. Le modèle économique du client captif que tu factures régulièrement est fort comparable à celui de l'abonnement, beauuuucoup plus rentable pour celui qui en fait commerce.
Cela dit, afin de ne pas proposer une vision des choses totalement cynique, je dois reconnaître que la toute-puissance du modèle de l'abonnement n'a pas empêché le développement relativement récent du vaccin contre le papillomavirus (virus qui provoque le cancer de l'utérus et diverses saloperies aussi chez les hommes), mébon, contre ces formes de cancers la chimie ne propose aucun traitement digne de ce nom. Ce vaccin reste
relativement abordable, autour d'une centaine d'euros la dose, à multiplier par deux ou trois doses.
Il reste la toute puissance du vaccin face au traitement : le vaccin se destine à une population dans son ensemble (ou à peu près), le traitement ne se destine qu'à la fraction atteinte par la maladie, à peu près cinq cents fois moins nombreuse dans le cas de la sep : il faudrait alors tirer du vaccin 1/500e du chiffre d'affaires que tu obtiens d'un traitement contre la sep
pendant toute la vie du patient. Afin de simplifier (ce qui nous intéresse, c'est juste un ordre de grandeur) je prends comme mètre étalon un traitement par interféron-bêta, j'arrondis à 10'000€/an, pris pendant vingt ans (parce qu'une fois que le patient est en progressive c'est moins utile), soit 200'000€ dans la vie d'un patient ; 1/500e de ce prix, ça me fait donc 400 balles minimum par vaccin pour obtenir un marché comparable à celui des traitements de fond actuels : en dessous le marché global sera plus petit qu'avec le modèle actuel, au dessus il sera plus gros. Note qu'à 400 balles, on n'est pas si éloigné que ça du prix du Gardasil (le fameux vaccin contre le papillomavirus)...
Il reste enfin la différence ultime, qui est que le marché actuel des traitements de fond est certes un gros gâteau, mais que doivent se partager pas mal de convives : Biogen, Novartis, Roche, Sanofi, Mylan, Merck, pardon pour tous ceux que j'oublie. On peut effectivement imaginer que le découvreur d'un éventuel vaccin, comme tu le relèves, "raflera la mise"...
Ah qu'est-ce qu'on rigole

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