Salut Harmonie (quel joli prénom).
Sois la bienvenue parmi nous, tu verras, l'ambiance est sympathique et nous avons tous un sacré point commun. N'hésite pas à nous bombarder de questions. Ta présentation est très synthétique et dit l'essentiel, c'est une qualité peu fréquente

. Vis à vis de la sep, tu me sembles être encore au stade qui consiste à déchirer le brouillard avec un couteau de cuisine, nous devrions pouvoir réduire la durée de ce stade.
Aussi je réponds à tes questions, et même à celles que tu ne poses pas.
Ce que tu dis sur les effets de la grossesse sur la maladie est à peu près vrai mais un peu, heu, expéditif à mon goût ; par exemple, le surrisque temporaire après accouchement est connu mais limité à quelque chose comme trois ou quatre mois, et j'ai cru comprendre que ton bout de chou en avait huit. Avoir accouché n'est pas une condition nécessaire pour déclencher une poussée, plein d'autres choses peuvent jouer et d'ailleurs, personne ne sait vraiment ce qui va les provoquer (les suppositions ne manquent pas, mais ce ne sont que des suppositions). A l'opposé, je réponds ici à "aucune poussée bien évidemment", heu... être enceinte n'est pas une protection absolue contre le risque de poussée, tu peux toujours en faire en étant enceinte, elles sont juste moins probables, de façon significative mais pas colossale non plus.
Les corticoïdes sont sans doute le plus ancien traitement utilisé contre la sep, ils consistent à attaquer et stopper l'inflammation dans ton cerveau. Leur effet n'est pas instantané et ils ne sont pas exempts d'effets secondaires potentiellement graves (ceux que tu cites ne sont pas considérés comme graves). Leur efficacité consiste à réduire la durée de l'inflammation, et par conséquent de la poussée : tu es HS moins longtemps. Cependant, ils n'ont jamais démontré d'effet sur l'évolution à long terme de la maladie, ce qui signifie que prendre, ou ne pas prendre, de corticoïdes à l'occasion d'une poussée, ne change rien à l'évolution future de la maladie, que celle-ci soit la plus bénigne ou la plus foudroyante. En pratique, et étant considérés les effets secondaires des corticoïdes, il est assez commun de ne les prescrire qu'en fonction de la gravité des symptômes, afin d'accélérer la venue de la rémission qui
de toute façon finira par venir. En général ils se prescrivent par voie intraveineuse, par bolus de Solumedrol. Ils peuvent également se prescrire par voie orale (Medrol), c'est plus rare car les effets sont semble-t-il un peu moins rapides, mais en te rappelant que ces effets ne jouent que sur le court terme alors que sur le long terme, ils sont inexistants, aussi bien par voie intraveineuse que par voie orale, ça relativise pas mal

. Si les corticoïdes te rendent plus malade, ça arrive, tu ne prends aucun risque à ne pas les prendre. Si en revanche tu as déjà commencé un traitement, il est très déconseillé de l'arrêter brutalement, l'arrêt doit toujours se faire de façon progressive (mais ça, c'est du fait des corticoïdes, pas de la sep).
J'ai été étonné que tu ne fasses pas part d'un quelconque traitement de fond que t'aurait suggéré ta neurologue après l'accouchement ? Si bout'chou a déjà huit mois, ça laissait le temps d'en commencer un, tu n'en prends toujours pas ? Ne vois pas d'inquisition ni encore moins de jugement dans ma question, juste de la curiosité.
La liste des symptômes possibles ressentis lors d'une poussée est longue comme le bras et très variée. Chaque symptôme découle directement de chacune des zones de ton système nerveux central qui sera atteinte par l'inflammation lors de la poussée. Tu peux donc faire des poussées avec plusieurs symptômes différents, d'autres avec un seul, et d'autres avec aucun (on parle alors de poussées asymptomatiques), si la zone atteinte ne commande pas des fonctions essentielles, ou immédiatement visibles, de ton système nerveux. Tu en trouveras une liste rapide (et pas exhaustive) ici :
https://www.multiplesklerose.ch/fr/prop ... symptomes/.
Pour avoir le droit d'être considéré comme une poussée, un épisode neurologique doit voir l'apparition de nouveaux symptômes, ou la réapparition d'anciens symptômes qui s'étaient estompés avec le temps, sur une durée d'au moins vingt-quatre heures. Dans les faits, cette apparition aurait plutôt tendance à suivre une pente ascendante qui pourra s'étaler sur de quelques heures à quelques jours (ma plus longue "phase ascendante" s'était bien étalée sur pas loin d'un mois...), puis une phase de plateau où les symptômes sont là et bien là (de quelques jours à quelques semaines), puis une phase de régression. Je crois que médicalement, une fois qu'on entre dans la phase de régression, on considère que la poussée est finie, ce qui fait qu'une poussée dure rarement plus d'un mois (rarement ne veut pas dire jamais). Comme en outre, ensuite la décrue des symptômes ne se fait pas en un claquement de doigts, certains symptômes résiduels pouvant même s'installer de façon permanente, il est difficile de t'indiquer une date de fin plus précise que cela. Disons qu'en général, une durée d'une à trois semaines entre l'apparition des premiers symptômes et le début de la décrue, me semble regrouper la majorité des cas, mais que les autres lecteurs n'hésitent pas à me corriger s'ils le jugent utile.
Il peut être tout à fait possible de travailler en même temps, comme cela peut être tout à fait impossible : cela dépend à la fois de ton métier et de tes symptômes. Exemple, si tu es peintre en bâtiment et que tu passes tes journées sur un échafaudage, si un violent vertige fait partie de tes symptômes, je suggère un arrêt de travail

. Si en revanche tu as ce symptôme alors que le seul exercice physique de ton job consiste à aller à la machine à café, on devrait pouvoir s'arranger. A l'opposé, tu as certains symptômes qui pourront, en particulier pendant la poussée, gravement limiter tes capacités de concentration intellectuelle. Le peintre en bâtiment en sera moins affecté que l'employé de bureau. C'est donc du cas par cas. D'autre part, le repos joue un rôle aussi important que les corticoïdes pour réduire la durée (et l'intensité) de la poussée en cours, donc en particulier si ta poussée est invalidante, quel que soit ton job on pourra recommander un arrêt de travail pour donner toutes ses chances à la récupération.
Voilà voilà. Au plaisir de te lire !
Jean-Philippe.