Un texte en guise de présentation...
Posté : 23 mars 2015, 20:30
Le parc Montsouris
C'est le domaine
Où je promène mes anomalies
Où j'me décrasse les antennes
Des mesquineries de la vie
La femme en blanc me répète les mêmes mots depuis tout à l'heure : « Concentrez-vous Monsieur N. le tracé n'est pas bon !». Pour essayer de lui faire plaisir et surtout pour écourter la séance je me force à me souvenir des paroles de la chanson de Jacques Higelin. Mais depuis que je suis entré à l’hôpital,c'est bizarre mais j'ai remarqué que ma mémoire me jouait des tours. Bon, devant moi j'ai un damier et je suis sensé regarder un point en son centre. L'examen s'appelle « Potentiels évoqués » et je ne sais vraiment pas à quoi ça sert. Les électrodes qu'elle m'a posé sur le crane sont là pour enregistrer des ondes mystérieuses qui renseigneront les médecins sur l'état de mon cerveau.
Y'a même un kiosque à musique
Où des militaires jouent
A moitié faux
Zut je ne me souviens pas de la suite ! Le parc Montsouris parlons-en… J'étais à Paris la semaine dernière à une une portée de fusil de ce fichu parc. J'avais loué un appartement à côté de la rue Daguerre dans le XIV ième. Le séjour n'avais rien de touristique à dire vrai. J'accompagnais mon fils qui passait un concours pour devenir professeur de Physique Chimie. Et quand un matin j'ai voulu y aller en remontant l'avenue René-Coty et bien je n'ai pas pu… La balade n'était pas longue mais, comment dire, je n'ai pas eu la force de le faire, j'entends la force physique dans les jambes. Passe encore que depuis une semaine j'ai le bas du corps qui est devenu insensible. J'ai déjà vécu une pareille situation il y a quelques années. A la suite d'une chute idiote en montagne j'avais déjà ressenti une même perte de sensibilité dans les jambes. On avait craint une fracture d'une vertèbre dorsale mais les examens n'avaient rien montré de particulier. Et puis c'était passé tout seul pendant les vacances. Je m'en souviens encore parce que au moment où ces problèmes de sensibilité avaient fini par disparaître j'avais une sorte de tâche sombre au milieu de mon champ de vision. Cela avait duré quelques jours et ça avait disparu tout seul en même temps que mes autres problèmes. Pff… je venais juste de dépasser à grand' peine la rue Hallé et je suis revenu sur mes pas. J'ai repéré un buisson dans un renfoncement et j'ai uriné laborieusement en guettant l'arrivée inopportune d'un passant. C'est marrant depuis que suis à Paris je suis Monsieur Pisse-trois gouttes ! Je reprends ma marche après ma miction incertaine mais plus j'essaye d'avancer moins j'y parviens. Comment expliquer ça : c'est comme si mes jambes refusaient de m'obéir ! Je m'assois sur un banc public et je m'aperçois que je suis crevé, complètement claqué...
Sans faire le malin je suis pas du genre à me plaindre. Aux urgences où j'ai atterri sous l'injonction de Madame Tape-dur ma kiné (je vous en reparlerai plus tard elle vaut le détour) je suis resté stoïque mais je n'ai pas compris le déroulement des événements. Je pensais qu'on me ferait une radio du dos car je pensais que j'avais une hernie discale ou un truc du genre. Mais, après la consultation avec l'interne de garde, quand j'ai réalisé que le brancardier m’emmenait passer une IRM du cerveau une sourde angoisse m'a envahi. A peine sorti de l'aimant j'ai été dirigé vers le service de Neurologie. Comprends pas…
Ça y'est ça me revient :
Je vis pas ma vie, je la rêve.
Mais bof en ce moment cela ressemble à un cauchemar !
Interlude nocturne … Les hélicoptères vont et viennent sur l'aire d 'atterrissage située près de l'entrée des urgences. Je les observe au cœur de la nuit. Normal, à cause de la perfusion de cortisone je n'arrive pas à fermer l’œil. Demain je vois le neurologue il va enfin cracher le morceau j'espère. L'attente me ronge mais je suis près à tout entendre. Je suis las de tous ces examens qui n'en finissent pas. Hier c'était la ponction lombaire suivie par un prélèvement de glandes salivaires. J'ai pris sur moi mais c'était assez désagréable.
L'endroit où je me trouve fait ressurgir des souvenirs anciens. Le service de neurologie a abrité en son temps le « pavillon des enfants malades ». Et ce pavillon je l'ai fréquenté quand, âgé de dix ans, on m'avait diagnostiqué une maladie auto-immune qui s'était attaquée sournoisement à mes reins. Angoissant souvenir.
Épilogue. C'est un homme assez jeune l'air timide et peu sûr de lui. Mais sa voix chaude et douce me rassure un peu. J'ai devant moi le docteur V. neurologue de son état. Les mots transpercent mon cerveau présumé malade. Je comprends myélite, inflammation de la moelle épinière puis il récapitule les (nombreux) examens qui se sont révélés négatifs. Je tique un peu en l'entendant parler de plaques dans le cerveau. Il poursuit en me disant qu'ils cherchent à éliminer toutes les causes possibles pouvant expliquer les taches blanches qui sont visibles à l'IRM. Je sens qu'il entoure son discours de précautions oratoires mais à la fin je comprends ces trois mots qui claquent :
S C L E R O S E E N P L A Q U E !
Merci à ceux qui ont eu le courage de me lire!
C'est le domaine
Où je promène mes anomalies
Où j'me décrasse les antennes
Des mesquineries de la vie
La femme en blanc me répète les mêmes mots depuis tout à l'heure : « Concentrez-vous Monsieur N. le tracé n'est pas bon !». Pour essayer de lui faire plaisir et surtout pour écourter la séance je me force à me souvenir des paroles de la chanson de Jacques Higelin. Mais depuis que je suis entré à l’hôpital,c'est bizarre mais j'ai remarqué que ma mémoire me jouait des tours. Bon, devant moi j'ai un damier et je suis sensé regarder un point en son centre. L'examen s'appelle « Potentiels évoqués » et je ne sais vraiment pas à quoi ça sert. Les électrodes qu'elle m'a posé sur le crane sont là pour enregistrer des ondes mystérieuses qui renseigneront les médecins sur l'état de mon cerveau.
Y'a même un kiosque à musique
Où des militaires jouent
A moitié faux
Zut je ne me souviens pas de la suite ! Le parc Montsouris parlons-en… J'étais à Paris la semaine dernière à une une portée de fusil de ce fichu parc. J'avais loué un appartement à côté de la rue Daguerre dans le XIV ième. Le séjour n'avais rien de touristique à dire vrai. J'accompagnais mon fils qui passait un concours pour devenir professeur de Physique Chimie. Et quand un matin j'ai voulu y aller en remontant l'avenue René-Coty et bien je n'ai pas pu… La balade n'était pas longue mais, comment dire, je n'ai pas eu la force de le faire, j'entends la force physique dans les jambes. Passe encore que depuis une semaine j'ai le bas du corps qui est devenu insensible. J'ai déjà vécu une pareille situation il y a quelques années. A la suite d'une chute idiote en montagne j'avais déjà ressenti une même perte de sensibilité dans les jambes. On avait craint une fracture d'une vertèbre dorsale mais les examens n'avaient rien montré de particulier. Et puis c'était passé tout seul pendant les vacances. Je m'en souviens encore parce que au moment où ces problèmes de sensibilité avaient fini par disparaître j'avais une sorte de tâche sombre au milieu de mon champ de vision. Cela avait duré quelques jours et ça avait disparu tout seul en même temps que mes autres problèmes. Pff… je venais juste de dépasser à grand' peine la rue Hallé et je suis revenu sur mes pas. J'ai repéré un buisson dans un renfoncement et j'ai uriné laborieusement en guettant l'arrivée inopportune d'un passant. C'est marrant depuis que suis à Paris je suis Monsieur Pisse-trois gouttes ! Je reprends ma marche après ma miction incertaine mais plus j'essaye d'avancer moins j'y parviens. Comment expliquer ça : c'est comme si mes jambes refusaient de m'obéir ! Je m'assois sur un banc public et je m'aperçois que je suis crevé, complètement claqué...
Sans faire le malin je suis pas du genre à me plaindre. Aux urgences où j'ai atterri sous l'injonction de Madame Tape-dur ma kiné (je vous en reparlerai plus tard elle vaut le détour) je suis resté stoïque mais je n'ai pas compris le déroulement des événements. Je pensais qu'on me ferait une radio du dos car je pensais que j'avais une hernie discale ou un truc du genre. Mais, après la consultation avec l'interne de garde, quand j'ai réalisé que le brancardier m’emmenait passer une IRM du cerveau une sourde angoisse m'a envahi. A peine sorti de l'aimant j'ai été dirigé vers le service de Neurologie. Comprends pas…
Ça y'est ça me revient :
Je vis pas ma vie, je la rêve.
Mais bof en ce moment cela ressemble à un cauchemar !
Interlude nocturne … Les hélicoptères vont et viennent sur l'aire d 'atterrissage située près de l'entrée des urgences. Je les observe au cœur de la nuit. Normal, à cause de la perfusion de cortisone je n'arrive pas à fermer l’œil. Demain je vois le neurologue il va enfin cracher le morceau j'espère. L'attente me ronge mais je suis près à tout entendre. Je suis las de tous ces examens qui n'en finissent pas. Hier c'était la ponction lombaire suivie par un prélèvement de glandes salivaires. J'ai pris sur moi mais c'était assez désagréable.
L'endroit où je me trouve fait ressurgir des souvenirs anciens. Le service de neurologie a abrité en son temps le « pavillon des enfants malades ». Et ce pavillon je l'ai fréquenté quand, âgé de dix ans, on m'avait diagnostiqué une maladie auto-immune qui s'était attaquée sournoisement à mes reins. Angoissant souvenir.
Épilogue. C'est un homme assez jeune l'air timide et peu sûr de lui. Mais sa voix chaude et douce me rassure un peu. J'ai devant moi le docteur V. neurologue de son état. Les mots transpercent mon cerveau présumé malade. Je comprends myélite, inflammation de la moelle épinière puis il récapitule les (nombreux) examens qui se sont révélés négatifs. Je tique un peu en l'entendant parler de plaques dans le cerveau. Il poursuit en me disant qu'ils cherchent à éliminer toutes les causes possibles pouvant expliquer les taches blanches qui sont visibles à l'IRM. Je sens qu'il entoure son discours de précautions oratoires mais à la fin je comprends ces trois mots qui claquent :
S C L E R O S E E N P L A Q U E !
Merci à ceux qui ont eu le courage de me lire!