Salut Magalie,
En ce qui concerne le sexe des anges, savoir qui est venu en premier entre la poule et l'oeuf ou encore savoir ce qui, entre l'acquis et l'inné, construit l'essentiel de l'intelligence, en ce qui me concerne c'est un débat qui ne m'intéresse pas plus que ça, je lis des arguments très pertinents pour défendre la première chapelle, comme pour défendre la seconde. A vrai dire j'ai personnellement tendance à croire qu'elle est plus innée qu'acquise, mais là n'est pas l'intérêt : le fait est que la question est polémique, notamment parce qu'elle a de multiples implications politiques, voire religieuses. La polémique ne m'intéresse pas

, je prends simplement acte de son existence en regrettant tout de même que l'article de l'Express semble en avoir pris son parti.
Par ailleurs ce qu'on nomme "intelligence", et qu'on mesure par l'intermédiaire de tests comme typiquement ceux de Wechsler (cf. ta vidéo) est à mon sens une vision terriblement étriquée de la chose, qui mesure plus ou moins bien certains paramètres, mais oublie des formes d'intelligence qui, pour ce que j'en ressens, sont essentielles. Par exemple ce que je nomme l'intelligence sociale (l'aptitude générale à évoluer en société, sous-secteurs : être capable de fonder une famille, être capable de trouver une occupation, être capable de se construire un réseau, de s'intégrer aussi bien avec des clients au comptoir du café du commerce, que dans un conseil d'administration ; aptitude à vendre une voiture d'occasion, etc.) ; ou encore l'intelligence pratique (cf MacGyver pour en trouver un exemple caricatural) ; ou encore l'esprit de synthèse qui permet de relier entre eux des éléments de connaissance a priori sans aucun rapport, d'organiser une culture homogène ; ou encore la capacité à gérer des éléments de connaissance contradictoires ; ou encore l'intelligence artistique ; etc. Toutes ces formes d'intelligence sont à mon avis aussi essentielles que celle(s) qu'on mesure, et largement ignorées par les différents tests.
Puisqu'on ne s'intéresse ici, manifestement, qu'à la forme qui est mesurée par les tests de Wechsler, ton troisième lien est instructif : "C’est dans la matière grise où toutes les informations sont stockées, et dans laquelle résident la mémoire et l'intelligence. Elle se compose d'un tissu cellulaire dense de neurones, qui décident toute l’activité cérébrale." J'ai tendance à en croire que c'est essentiellement (pour ne pas dire uniquement) la matière grise que sollicitent de tels tests. Après, je conçois l'utilité de la substance blanche dans la construction de l'intelligence, dans l'apprentissage de nouvelles aptitudes. Parenthèse : la chose peut certes arriver à tout âge, de mon côté je pense d'ailleurs que continuer à apprendre des choses nouvelles est une façon très efficace de lutter contre la sep -- mais pour ce qui me concerne, ça relève plus de la croyance que de la conviction scientifique. Fin de la parenthèse : en règle très générale (pas toujours, mais presque), ces apprentissages surviennent antérieurement au déclenchement d'une sep, c'est à dire que quand on déclenche une sep, l'intelligence est tout de même à peu près finie de construire.
A propos de la matière (ou substance) grise, j'aimerais pouvoir vérifier la chose une bonne fois pour toutes mais je crois bien qu'en général, les neurones qui la composent ne sont myélinisés que s'ils sortent du cortex (neurones moteurs, neurones sensoriels, etc.) ; pour l'essentiel de ceux qui sont mobilisés par l'intelligence en revanche, qui restent dans le cortex, je pense qu'étant donné la densité de neurones à cet endroit, alors il s'agira principalement de neurones avec des axones "courts" (or un axone court n'est généralement pas myélinisé, car il n'en a pas besoin, ce qui est d'ailleurs rappelé dans ton troisième article), voire des connexions qui n'ont pas besoin d'axone du tout (par exemple, connexions dendro-dendritiques). L'absence (ou la rareté) d'axones myélinisés à l'intérieur de la substance grise en explique d'ailleurs la couleur.
Même si la substance blanche joue un rôle déterminant dans l'apprentissage et la construction d'une "tête bien faite" (voire d'une "tête bien pleine"...), je ne pense pas que son rôle soit majeur dans l'usage ultérieur que l'on fait de cette tête, qu'elle soit bien faite, bien pleine ou les deux. La seule exception que je voie à cette règle est le langage, qui mobilise les deux hémisphères et nécessite donc des axones longs, donc myélinisés, entre les deux.
maglight a écrit :Le stress, la dépression et l'anxiété sont démultipliés chez eux et c'est une particularité que nous avons en commun, en plus de celle de "cogiter". Je trouverai assez logique qu'ils soient particulièrement touchés par des maladies du cerveau en réponse à cette particularité.
J'aimerais être sûr de ce que tu entends par "démultiplié"

. Démultiplié, c'est par exemple le contraire de multiplié, mais il est vrai que "faire long feu" et "
ne pas faire long feu" ont des significations assez proches...
Après, vient la question de savoir si l'exercice et la pratique régulière d'une activité sont bénéfiques ou pas pour les fonctions qu'ils sollicitent. Vit-on plus longtemps en meilleure santé en essayant de préserver la machine autant que possible et donc, en s'astreignant à ne pratiquer aucun exercice physique, qui risquerait de l'abîmer ? Hum, pas simple

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Mais la discussion est intéressante...
A bientôt,
Jean-Philippe.