Bonjour tout le monde, bonjour Patrick, c'est mort ici

!
PatrickS a écrit :La Suède, qui n'a pas confiné avait plus de morts au début.
Mais maintenant, es morts augmentent partout SAUF en Suède ou ils diminuent.
Hier 3 novembre, la Suède a déclaré (source :
John Hopkins) 31 décès du covid. Il faut remonter à la mi-juin pour trouver un score plus important en Suède : le nombre de décès ne
diminue pas en Suède, il fait plutôt le contraire, et très nettement.
Hier 3 novembre, le département des Bouches-du-Rhône a déclaré (source :
GEODES) 28 décès, la veille c'était 35 décès. Au pire du premier épisode, au printemps dernier, ce même département avait culminé à 30 décès, le 22 avril : la plus forte mortalité quotidienne de la covid à Marseille a donc eu lieu avant-hier, avec un chiffre qui est appelé à se faire pulvériser dans les prochains jours.
J'apprécierais donc infiniment qu'on s'efforce de sortir de cette phase de déni profond pour se mettre au moins d'accord sur la réalité de cette deuxième vague, qui n'a pourtant cessé ici d'être niée, et dont beaucoup d'indices laissent en outre présager qu'elle sera beaucoup plus forte,
en nombre de décès, que la première. Le record absolu de décès quotidiens pour la Suisse -- dont le système hospitalier n'est pas tout à fait aussi délabré qu'en France -- remonte par exemple à avant-hier, et le pire est à venir. (Je précise à toutes fins utiles que les médecins suisses peuvent s'ils le souhaitent utiliser tant qu'ils veulent l'hydroxychloroquine, personne ne s'y oppose, et pour ce que j'en ai entendu dire ils ne s'en privent pas). Quel but poursuivaient donc les "rassuristes" (arf) quand ils niaient farouchement, peut-être le font-ils toujours, l'arrivée de cette deuxième vague ? Combien de décès supplémentaires leur faudra-t-il pour admettre non pas leurs erreurs (une erreur c'est quand tu dis une connerie, mais en croyant qu'elle est vraie), mais leurs mensonges ? Quelle responsabilité les propos qu'ils tiennent ont-ils dans l'entretien d'un "climat anxiogène" ?
Pour citer les plus éminents
rassuristes régulièrement invoqués dans ce topic, commençons par le Pr Raoult : "je ne peux m'exprimer sur la seconde vague, je ne sais pas ce que c'est" (Midi Libre, 9 octobre). Comment le plus grand épidémiologiste du monde, ou peu s'en faut

, peut-il ignorer que c'était tout de même ce qui s'était passé avec la grippe espagnole -- qui est un peu
la référence mondiale en matière de pandémie ?
Le Dr Fouché, un proche notoire -- ni l'un ni l'autre ne s'en cachent -- du précédent (1er septembre, sur le site
complotiste rassuriste
covidinfos.net) : "il n’y a pas de seconde vague. Les nouveaux cas sont bénins", "les « informations » diffusées par les médias sont désormais décorrélées de la réalité sanitaire", "les courbes épidémiques sont interprétées de manière fallacieuse". Interprétées de manière fallacieuse peut-être, ... mais une manière à laquelle les faits donnent raison aujourd'hui ; et des décès
bénins donc, concept ultime du déni, et jamais aussi nombreux qu'aujourd'hui, à Marseille où travaille l'intéressé : les proches des victimes seront heureux de l'apprendre, "vos proches ne sont que morts : rien de grave, c'est bénin". Tout va très bien, Madame la Marquise

.
Le dr. Martin Blachier (LCI, 13 octobre) : "l'entrée en réa semble arriver au sommet de sa courbe, on est à un début de plateau descendant sur l'entrée en réanimation [… ] Les mesures de couvre-feu et de confinement c'est totalement décalé". Quand deux semaines plus tard on lui fait remarquer qu'il avait peut-être un peu dit n'importe quoi, il botte magnifiquement en touche : "il y a quelque chose que je n'ai pas anticipé, c'est l'arrivée des mauvais jours". Ah voilà, l'argument qui tue : qui pourrait deviner un 13 octobre, l'arrivée imminente des "mauvais jours" ? Il n'est que docteur en médecine le gars, il ne faut pas lui en vouloir.
Bozo Toussaint, pour mémoire (posté ici-même en son temps) : "il faut m'expliquer comment une exponentielle décroissante peut justifier les mesures qui ont été prises hier". Gros soupir.
Comment pourrait-on encore accorder la moindre foi aux propos délirants de ces
complotistes "rassuristes" ? Ceux qui en septembre prédisaient le pire tenaient peut-être des propos désagréables, mais ils avaient au moins le mérite d'avoir vu juste (ça n'était pas bien difficile, à la portée d'un élève de terminale : une classe dont on doit pouvoir espérer d'un médecin qu'il l'ait fréquentée dans sa vie, peut-être même en aura-t-il obtenu un baccalauréat à la fin), le mérite d'avoir su anticiper la réalité, une réalité constatée aujourd'hui et qui est appelée à être dépassée demain. Préfèrer un mensonge rassurant ("mais non, t'inquiète pas, tout va bien se passer, ceux qui disent que ça va s'aggraver le font parce qu'ils sont inféodés à bigpharma, à l'OMS et à Bill Gates") à une vérité plus dérangeante, ça a un nom : la politique de l'autruche.
Mais on n'en parle pas, pour faire croire que la stratégie de la France (et d'autres pays Européens est la bonne.
En essayant de faire abstraction du détail déjà abordé de la situation actuelle de la Suède, on a ici plus de chances d'être d'accord

. Je te renvoie à ce graphique, déjà posté précédemment :

- covid.png (18.92 Kio) Vu 8909 fois
En tenant compte à la fois de l'état de l'économie (forcément impactée par la crise, et dont l'impact sur la population est régulièrement rappelé par mag) et de la mortalité, la France fait partie des cancres, avec l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni (j'exclus la Belgique, qui est un cas à part). L'Italie et l'Espagne ont été plombées par la survenue de la pandémie chez elles plusieurs semaines avant les autres pays : elles y étaient beaucoup moins préparées, ce qui pour moi suffit à expliquer leurs mauvais résultats. D'autre part, le Royaume-Uni a son économie qui souffre en grande partie du brexit, et sa santé des décisions inconséquentes de Bojo (Boris Johnson) : on est en terrain à peu près connu là aussi. Mais quid de la France, quelle excuse peut-elle avancer ? Pourquoi se fait-elle autant exploser, aussi bien économiquement que sanitairement, par la Hollande, la Suisse, l'Allemagne, le Danemark, la Finlande, la Norvège, le Portugal, l'Autriche (ces deux derniers vérifiés séparément hier), c'est à dire en gros tous ses homologues européens qui n'avaient pas aux pieds les plombs qu'avaient le Royaume-Uni, l'Italie et l'Espagne ?
La stratégie de la France n'a
certainement pas été la bonne jusqu'ici. J'ai continué à m'amuser avec mes maths, en attribuant à chaque pays une note globale sur dix, calculée en tenant compte à la fois des résultats économiques
et sanitaires, avec possibilité d'attribuer un coefficient (variable) à chacun de ces deux aspects. Je donne zéro au plus mauvais pays, dix au meilleur, et je regarde quelle note mérite la France : elle ne dépasse jamais les 4/10, uniquement dans le cas où j'affecte un fort coef à l'aspect sanitaire. Si je mets un fort coef sur l'économie ou si je considère santé et économie comme de même importance, la note descend à 3 : la France est la moins mauvaise élève... parmi les cancres que sont Italie, Espagne, Royaume-Uni et Belgique, mais largement dépassée par tous les autres pays.
Même par les USA de Trump, dont la presse nous rabâche l'inefficacité des mesures... mais dont l'économie est une des moins impactées.
Je ne sais donc pas vraiment quels "autres pays européens" auraient suivi la même stratégie que la France, car j'ai l'impression que sur ce coup la France a fait un peu cavalier seul... et s'est bien gaufrée.
A part ça je n'insisterai jamais assez sur la découverte que m'a permis ce graphique, qu'il existe une corrélation assez nette entre la mortalité due au covid et l'état de l'économie : une mortalité basse est associée à une économie peu impactée, une mortalité forte à une économie très impactée -- alors qu'intuitivement on aurait pu croire le contraire : "je décide d'ignorer la crise sanitaire, tant pis pour les victimes, mais je protège mon économie" devrait fort logiquement permettre de préserver l'économie, mais au détriment d'une forte mortalité. Or, ce n'est pas du tout ce qu'on constate...
J'envisage enfin sur mon graphe que l'efficacité sanitaire des mesures prises dans chaque pays puisse être représentée par l'écart à la droite de régression : plus un pays se situe en dessous de cette droite, plus les mesures ont eu un impact sanitaire positif ; plus un pays se situe au dessus, plus ces mesures (ou leur absence) ont eu un impact sanitaire négatif.
A bientôt,
Jean-Philippe.